Ibrahim
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Réalisateur : |
Samir GUESMI | ||
Acteurs : |
Samir Guesmi, Camille Lugan, ... | |||
Genre : |
Drame | |||
Durée : |
1 h 20 | |||
Date de sortie : |
23/06/2021 | |||
Titre original : |
Ibrahim | |||
Note "critique" : |
2,25 | |||
Classement 2021 |
16 / 93 |
Résumé : |
.O xx |
.O. La vie du jeune Ibrahim se partage entre son père, Ahmed, écailler à la brasserie du Royal Opéra, sérieux et réservé, et son ami du lycée technique, Achille, plus âgé que lui et spécialiste des mauvais coups. C’est précisément à cause de l’un d’eux que le rêve d’Ahmed de retrouver une dignité se brise lorsqu’il doit régler la note d’un vol commis par son fils et qui a mal tourné. Les rapports se tendent mais Ibrahim décide alors de prendre tous les risques pour réparer sa faute... .O. |
Xavier |
.O. Ibrahim est un jeune homme comme il en existe des milliers, il vit dans un petit appartement, ne manque de rien mais rêve de tout. Il est encore dans le milieu scolaire pour passer un CAP dont on sent bien qu'il ne le motive pas. Ce n'est pas un bandit de grand chemin ni un branleur magnifique, juste un gamin de 18 ans qui ne sait pas trop vers où il va. J'avais été marqué en fin de collège par une intervention du commissariat local et par la question posée par le policier : qui n'a jamais rien volé dans cette classe ? Souvenir de deux mains levées alors qu'il y avait 30 élèves présents. Que ce soit un bonbon ou un objet plus cher, que ce soit par nécessité ou par plaisir, ils sont peu nombreux les enfants parfaits à n'avoir jamais fauté avant 18 ans. Certains en sont fiers, d'autres en ont honte, certains le font par défi, d'autres parce qu'ils ont été défiés... mais quand on se fait prendre, quelle conséquence donner à cet acte. Il y a dans ce film un petit air narquois quand il est expliqué à Ibrahim (qui n'a pas volé mais simplement cassé un objet en s'enfuyant d'un magasin) que l'assurance aurait pris le bris en charge s'il n'y avait pas eu de délit de fuite. 3000 euros ? C'est cher et surtout les conséquences pour la vie du père comme pour celle du gamin seront grandes. L'acte ne pouvant rester impuni, quelle aurait été la sanction la plus appropriée ? Bonne question que je n'ai pas réussi à trancher alors que cet acte définit l'intégralité de la suite du film. On me dira que pour un gamin dont les parents ont beaucoup d'argent, ce chèque n'aurait eu aucune conséquence, on me dira que si le père n'avait pas pu payer, les policiers auraient été appelés et qu'une mention dans le casier judiciaire peut avoir des conséquences auxquelles on ne pense pas de suite.... Doit-on graduer la punition en fonction du contexte ou appliquer une loi qui est censée être connue de tous (on dit bien que "nul n'est censé ignorer la loi", non ?). Bonne question à laquelle, quelques jours après vu le film, je n'ai toujours pas de réponse alors qu'elle me trotte encore dans la tête... Je parle d'argent mais le coeur du problème est ailleurs : que le gamin essaye de se racheter est "normal" mais encore une fois il se heurte à l'incompréhension de son père qui ne l'a pas élevé avec ces valeurs. La suite du film nous ramènera sans cesse à ce mur du silence, à cette incompréhension qui multiplie les chances de foncer droit dans le mur. Les deux interprètes masculins donnent une véritable épaisseur à leurs personnages tout en économisant les mots et si le plus jeune flirte parfois avec un monde qui risquerait de l'envahir, les valeurs inculquées implicitement par son père le sauve de la déroute. En ne voyant jamais les parents d'Achille, le copain d'Ibrahim qui va passer du côté obscur puisque "personne ne nous attend", Samir Guesmi renforce la place du père d'Ibrahim et du rôle de la famille, même lorsqu'elle est réduite à sa plus simple expression. La famille, les valeurs, la communication... et l'amour d'un père pour son fils : rien d'exceptionnel puisque tout le monde peut appuyer sur ces trois leviers mais un bon moyen de passer à travers les embrouilles (même si c'est impossible de les éviter). Ibrahim aurait pu être un film déprimant avec un n-ième discours sur cette jeunesse désabusée qui veut gagner de l'argent facilement. Il respire au contraire la sincérité et l'amour que le réalisateur à pour ses personnages, dont on sent qu'ils représentent quelque chose pour lui. La fin permet de ne pas faire peser sur le gamin tout le poids de son action initiale et c'est un beau moyen de partager les torts alors qu'honnêtement, ils sont tout de même plus présents d'un côté que de l'autre. Ce n'est pas grave, en famille on passe les épreuves et chacun prenant sa part, on avance. Joli ! |
Première : ¤ ¤ |
.O. Multi primé à Angoulême en 2020, le premier long de Samir Guesmi ressemble à son auteur-acteur par sa force tranquille. .O. |
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